Mody Guiro, SG CNTS : «Il faudrait que les politiques comprennent que nous avons d’autres priorités »

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Secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS), Mody Guiro se bat pour le droit des travailleurs depuis près de 40 ans. A l’occasion de ce 1er mai, synonyme de jour férié dans de nombreux pays du monde, il évoque l’importance des syndicats. Dans un entretien (audio) accordé à RFI, il est revenu sur la crise économique et ses conséquences, les différents combats à mener, tout en invitant la nouvelle génération à s’intéresser davantage à la cause syndicale.

Est-ce que vous irez remettre vos cahiers de doléances au président Macky Sall ?

Effectivement, cette année, nous avons prévu de faire un rassemblement à la Place de la Nation. Et dans l’après-midi, toutes les centrales syndicales sénégalaises se retrouveront au niveau du palais de la République pour déposer leurs cahiers de doléances.

Qu’est-ce que vous allez dire au chef de l’Etat ?

Notre combat, c’est la création des emplois pour les jeunes, c’est de défendre l’emploi, d’améliorer les conditions de l’existence, de mettre l’accent sur la protection sociale. Faire en sorte que les travailleurs du secteur informel puissent également mieux être protégés. Avec la guerre en Ukraine, nos pays ont été confrontés à des problèmes d’approvisionnement en denrées de première nécessité.

Vous aviez alerté sur l’attitude de la classe politique sénégalaise qui met plus l’accent sur la confrontation que le dialogue ?

Nous avons assisté quand même à des échanges, des scènes de violences dans notre pays. C’est pourquoi nous avons alerté en disant qu’il ne faut pas dépasser la ligne rouge. Il faudrait que les politiques comprennent bien que nous avons d’autres priorités. La violence n’a pas sa place.

Vous vous attendez à ce que les candidats pour la présidentielle de 2024 mettent l’accent sur le social, le travail ?

Absolument ! Je pense que nous sommes des syndicalistes, nous sommes des travailleurs, nous sommes des travailleurs. Notre préoccupation, c’est comment améliorer le sort des Sénégalais. Ce que nous attendons, ce ne sont pas des discours. Ce que nous voulons, c’est du concret. Et c’est le message que nous disons à tout le monde.

Aujourd’hui au Sénégal, est-ce que les entrepreneurs appliquent le salaire minimum ?

« Certes l’Etat a fait des avancées significatives en améliorant les salaires des fonctionnaires. Nous avons salué cela mais, parallèlement, nous avons également dit que ceux du secteur privé broient du noir. Depuis lors, la crise s’abat sur l’ensemble des travailleurs de notre pays. Et dès lors, il fallait également y réfléchir. Et nous avons engagé des négociations avec le patronat. Nous sommes en discussion pour une augmentation des salaires. C’est pour vous dire que le SMIC est appliqué. En tout cas, c’est la loi. Nous ne sommes pas interpellés, sauf dans certains secteurs.

Il y a donc un travail à mener concernant ce secteur informel ?

La bataille, c’est d’arriver à une formalisation. Et nous travaillons à cela. Et nous pensons que l’avenir des syndicats aujourd’hui dans nos pays, dépendra en grande partie de notre capacité à organiser, à accompagner, à syndiquer les travailleurs du secteur informel.

Première grève en Afrique subsaharienne en 1919, premier syndicat enregistré en 1923, 1er mai jour février en 1947….. Les syndicats sénégalais vont-ils rester novateurs ?  

« Nous attendons à ce que les syndicats restent encore debout. Les travailleurs, de par le monde, luttent quotidiennement pour qu’il y ait moins d’oppression, moins d’exploitation. Nous sommes tous conscients que l’Afrique qui est également  un continent très jeune, qui a ses potentialités, va se développer. Il va également créer des richesses. Mais nous pensons que ces fils doivent  participer. Nous avons espoir en l’avenir. Malgré toutes les difficultés, nous avons les potentialités d’être au rendez-vous de demain.

Existe-il aujourd’hui un syndicalisme panafricain ?

«  Ce que nous faisons, nous pouvons aujourd’hui décider si un camarade est menacé ou emprisonné dans son pays, de lui apporter notre solidarité. Mais des plans d’action partagés d’un pays à un autre, nous ne sommes pas encore à ce stade.

Vous militez depuis plusieurs décennies. Qu’est-ce qui vous fait encore tenir ?

C’est un engagement militant car je suis un militant. Chacun joue sa partition. Nous avons une mission à mener et nous allons la mener à terme. Et quand des changements arriveront, il faudra les accepter et passer le témoin à quelqu’un d’autre.

Est-ce que la jeune génération est militante ?

En fait, nous arrivons quand même à avoir autour de nous pas mal de jeunes. Et nous pensons qu’il faudra renouveler la classe syndicale et nous y sommes. Pour ce faire, il faut avoir des organisations syndicales attractives. Des organisations qui s’ouvrent et qui peuvent parler à ces jeunes. La lutte continue, le syndicat ne mourra pas ;

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