Joe Biden en Israël pour le voyage le plus périlleux de son mandat

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Qu’espère Joe Biden en se rendant au Moyen-Orient, qui n’a jamais été aussi proche de l’embrasement ? Le président américain est parti mardi 17 octobre pour Israël, mais a dû renoncer à se rendre aussi en Jordanie, alors que le tir contre un hôpital de Gaza a fait monter encore la tension.

Le démocrate de 80 ans, en annonçant lundi son déplacement, faisait déjà un pari immense : celui d’arriver à se présenter à la fois comme le garant de la sécurité d’Israël dans sa guerre contre le Hamas, comme le meilleur espoir des civils palestiniens, et comme un rempart face aux risques d’escalade régionale.

Mais cette quête d’équilibre, qui reposait sur une étape à Tel Aviv suivie d’un passage en Jordanie, a volé en éclat avant même son départ. Joe Biden, qui s’est embarqué mardi vers 21h40 GMT dans Air Force One, a indiqué qu’il « reportait » sa visite à Amman.

La Jordanie avait de toute façon a annulé le sommet auquel il devait participer, avec le roi Abdallah II, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le dirigeant de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

 

Le sujet délicat de la frappe sur un hôpital de Gaza

 

Joe Biden a fait part mardi « de ses plus profondes condoléances pour les vies innocentes perdues dans l’explosion d’un hôpital à Gaza » et souhaité « un prompt rétablissement aux blessés ». Il s’est également entretenu à ce sujet avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le roi Abdallah II de Jordanie, a fait savoir la Maison Blanche.

Mais le président américain ne s’est pas prononcé sur l’origine du tir qui a provoqué la mort d’au moins 200 personnes, alors que le Hamas l’impute à Israël, et que l’armée israélienne accuse, elle, le Jihad islamique.

Dans cette atmosphère tendue à l’excès, alors que des manifestations ont lieu dans plusieurs pays arabes, le Hezbollah libanais appelle à une « journée de colère » mercredi.

 

Quel message porter ?

 

Certes, Joe Biden, sans doute le chef d’État le mieux gardé au monde, s’était déjà rendu en février à Kiev, dans un pays en guerre. Mais il y avait été accueilli en grand ami, alors qu’il arrivera au Proche-Orient avec le risque de nourrir l’embrasement du conflit, plutôt que de l’éviter.

Lui qui a jugé qu’Israël avait le « devoir » de se défendre après la sanglante attaque du Hamas le 7 octobre, quel message peut-il transmettre en se montrant aux côtés du Premier ministre Benjamin Netanyahu, alors que de nombreux pays arabes accusent Israël de la frappe sur l’hôpital de Gaza ?

Comment, après une telle rencontre, porter le message que les civils de l’enclave peuvent compter sur lui pour soulager la catastrophe humanitaire qu’ils traversent ?

 

Tester sa capacité de dissuasion face au Hezbollah et à l’Iran

 

Joe Biden prend le risque, aussi, de rentrer les mains vides, sans promesse du gouvernement israélien de laisser rentrer de l’aide humanitaire à Gaza, sans réponses pour les familles des ressortissants américains retenus en otage par le Hamas, dont le nombre exact n’est pas connu.

Les États-Unis ont par ailleurs échoué, jusqu’ici, à convaincre l’Égypte d’au moins entrouvrir sa frontière pour laisser entrer les civils palestiniens qui fuient les bombardements incessants.

En se rendant dans la région, le chef de la plus puissante armée du monde teste aussi sa capacité de dissuasion face au Hezbollah, et donc face à Téhéran.

 

Une enveloppe commune de 100 milliards de dollars

 

Les États-Unis, qui sont déjà le principal soutien de l’Ukraine et qui veulent conserver des ressources stratégiques pour tenir tête à la Chine, ne veulent pas que le conflit s’étende. « Nous sommes les États-Unis d’Amérique, pour l’amour de Dieu, la nation la plus puissante (…) de l’histoire du monde. Nous pouvons nous occuper » de l’Ukraine et d’Israël à la fois, avait toutefois affirmé le président dimanche sur CBS.

Il va réclamer au Congrès une enveloppe commune de 100 milliards de dollars pour l’Ukraine, Israël, Taïwan et la crise migratoire à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, a indiqué une source proche à l’AFP.

Mais Joe Biden n’est pas entièrement maître de la situation : tout déploiement supplémentaire majeur d’aide à Israël doit être validé par le Congrès américain. Or ce dernier est actuellement paralysé par la droite dure qui tente d’imposer l’un des siens à la tête de la Chambre des représentants.

Le démocrate, en campagne pour un second mandat, ne peut se permettre le moindre signe de faiblesse, alors que l’Amérique compte 30 morts depuis l’attaque du Hamas, et redoute une flambée de haine contre les juifs et contre les musulmans, dans un pays déjà violemment divisé.

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